C’est en Italie, au pays de Michel-Ange, qu’est né 1L… Ce robot sculpteur façonne le marbre pour en faire des œuvres d’art. De quoi questionner les spécialistes des méthodes artisanales traditionnelles.
Le marbre de Carrare, prisé pour sa blancheur, était utilisé par Michel-Ange pour créer ses sculptures devenues si célèbres. Ce matériau hautement symbolique a donné naissance à de nombreuses œuvres d’art, notamment en Italie. Désormais, il sert également de matière première aux créations de 1L, un robot sculpteur développé par l’entreprise Robotor. Ce dernier est capable de créer en quelques jours des sculptures qui demandent habituellement plusieurs mois de travail acharné à un artisan spécialisé.
« Le matériau extrait peut désormais être transformé, même dans des conditions extrêmes, en œuvres complexes d’une manière qui était autrefois considérée comme inimaginable », peut-on lire sur le site internet présentant la technologie. « Nous entrons dans une nouvelle ère de la sculpture, qui ne se compose plus de pierres brisées, de ciseaux et de poussière, mais de numérisation, de nuages de points et de design ».
La machine de près de quatre mètres se base sur des modèles 3D créés sur un logiciel, et sculpte un bloc de marbre en fonction de ces « instructions ». Elle n’est toutefois pas encore capable de s’attaquer aux finitions pour proposer une sculpture parfaite : « Je pense que nous sommes à 99%, mais la touche humaine fait toujours toute la différence. Ces 1% sont tellement importants », explique Giacomo Massari, fondateur de Robotor, dans une interview accordée à CBS News. Ce sont donc bien des mains humaines qui finissent de poncer et polir les petites imperfections laissées par le travail du robot.
Entre robotique et artisanat, le débat court toujours
Comme souvent, cette utilisation artistique d’un robot fait débat. « La technologie robotique ne vole pas le travail des humains, elle ne fait que l’améliorer », se défend pourtant immédiatement Giacomo Massari auprès de CBS News. « La technologie de Robotor ajoute de la valeur en effectuant un travail qui serait ardu, risqué et dangereux pour les humains, et en rendant la vie aussi facile que possible », ajoute-t-il. Comme le souligne le média, il faut d’ailleurs noter que même autrefois, les artistes faisaient déjà appel à de la sous-traitance pour mettre en oeuvre les concepts qu’ils imaginaient. Roboto affirme donc sur son site internet vouloir se situer à l’intersection entre art, territoire, tradition et technologie. Un brin provocateur, Giacomo Massari glisse tout de même que 1L « ne part pas en vacances, et ne dort même pas ! ».
Lorenzo Corsini, sculpteur professionnel interrogé par CBS News, exprime une inquiétude malgré les assertions de Giacomo Massari. « Nous risquons d’oublier comment travailler avec nos mains. J’espère qu’un certain savoir-faire et certaines connaissances perdureront. Mais plus nous avançons, plus cela sera difficile à préserver », prédit cet artisan, qui travaille notamment sur la restauration de statues de la cathédrale de Florence. S’il admet volontiers que son métier est amené à évoluer, il estime tout de même que le savoir-faire doit être préservé.
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